Carnet de route de Douala à Accra
Aéroport
international de Douala. Étrangement vide et calme ce samedi après midi. Départ
prévu à 15h40 pour le Ghana avec escale à Lagos. On est sur le point de boucler
les formalités d’enregistrement. Ecrit discrètement, sur une pancarte, on
découvre que le vol VK 821 qui doit nous emmener a du retard. On s'installe au
MTN Business Lounge. Armand Nganou, Aline Flore Jounewe, Ben Kum, Marie Chantal
Zeh Nko'o sont mes camarades d’aventure. On profite du confort de cet espace si
accueillant dans un aéroport qui brille par son peu d’hospitalité. On discute
de tout. On refait le monde pour passer le temps.
19h30
notre avion frappé aux couleurs d’Air Nigeria arrive enfin. On peut embarquer.
1h30 de vol tranquille. On se pose sur Murtala Muhammed Airport à Lagos a
23h45.
Formalités
d'immigration. Nous devons récupérer nos bagages car, nous devons finalement
passer la nuit à Lagos. La correspondance pour Accra ne nous a pas attendu.
Inquiétudes. Interrogations. Lagos traîne une réputation de ville coupe-gorge.
On essaie de ne pas y penser. Nos bagages ne sont pas visibles. Enregistrés en
transit sur Lagos, il est probable qu'ils soient parqués quelque part en
attendant le lendemain pour les expédier à Accra. La porte est ouverte pour la
disparition des bagages. Il faut rapidement régler cette question. Il est 1
heure du matin. Après avoir parcouru les couloirs en travaux de l’aéroport à la
recherche des bureaux d’Air Nigeria, on nous annonce que les bagages seront
envoyés sur le carrousel. Ouf de soulagement.
Mes
équipiers d'aventure et moi tombons de sommeil. Aucune idée de l'hôtel où on
doit passer la nuit. On se fait un coin au comptoir d'un fast food déserté
dans le hall d’arrivée et on attend les infos. A cette heure, il ne
serait pas sage de prendre une quelconque initiative hors de l'aéroport. La
fatigue se fait sentir. Au tour de nous, les équipes de nettoyage essaient de
redonner une beauté au hall de l'aérogare.
A
cette heure avancée, les tables servent de lit à certains employés, voyageurs
épuisés et trafiquants de devises de toutes sortes qui peuplent l'aéroport de
Lagos.
Après
une heure d'attente, retour au carrousel. Bagages récupérés. Transfert à
l'hôtel. On découvre la rudesse du service client à l’africaine. Air Nigeria ne
prend pas en charge nos frais d'hôtel mais nous propose 50 % de réduction sur
un hypothétique prochain voyage sur une de ses lignes. Difficile à croire. Le
transfert est organisé. On est sur qui-vive. On est au "Naija" comme
on dit ici pour appeler le Nigeria. Un premier groupe part. Nous devons
attendre le retour du véhicule. 20 minutes de patience. On nous recommande
d'attendre dans le hall. Par mesure de sécurité. Un policier arme d'un M16 nous
demande si nous souhaitons avoir une escorte. Nous déclinons. Autour des
célébrations du cinquantenaire de l’indépendance, le terrorisme s’est invité.
Abuja a connu des attentats terroristes. La causette repart. Il faut vaincre la
fatigue et tromper l’ennui.
2
heures du matin. Toujours dans le hall. La perspective d'une nuit courte ne
m'enchante pas. Mon plan était, en arrivant à Accra, autour de 20 heures,
d'organiser avec collègues Ghanéens un "Saturday night in Accra".
Dommage.
15
minutes de route dans une espèce de zone fortifiée en apparence tellement les
murs sont hauts. Les rues sont mal éclairées. On est transféré dans un
petit hôtel à Ikeja. Il est localise dans une espèce de camp. Sécurité
oblige. Nom prétentieux : De Ritz Hotel Suites. 150 dollars la nuit dans un
hôtel sans grand luxe. Confort minimal. Climatisation, eau courante,
télévision, portes équipées d’un système d’alarme. Une nuit courte mais
tranquille.
Réveil
à 6 heures les yeux pleins de sommeil. On a de l'eau courante. Le seau que je
vois dans la salle de bain m'avait sérieusement inquiété au moment ou je me
couchais. Petit déjeuner au pas de course: une omelette, des toasts grillés et
une tasse de thé. Il faut être à l'aéroport afin de continuer la route vers
Accra.
Lagos,
la démesurée s'éveille timidement. On est un dimanche matin. D'Ikeja à Murtala
Muhammed le chemin est rapide et dégagé. Les embouteillages monstrueux de Lagos
ici sont une vue de l'esprit. Dans la brume les multiples antennes qui
s'élèvent dans le ciel de l’une des villes les plus peuplées d’Afrique émergent
et semblent flotter au dessus des toits des maisons qui sont toutes entourées
de solides murs couronnés de fil de fer barbelé. Nous croisons de nombreux
véhicules avec gyrophares. Sécurité. Sécurité et encore sécurité. Thème à
succès ici. Au De Ritz Hotel, j’ai d'ailleurs remarqué que le gardien de nuit
porte nonchalamment un AK 47 avec un chargeur plein de munitions.
Un
transfert rapide. Nous sommes de nouveau à Murtala Mohammed Airport. Formalités
d'embarquement fouille de valises. Rencontre et blagues avec les douaniers qui
ont fait de moi le chef de délégation. Et à ce titre, je dois participer aux
frais de leur petit déjeuner. Le maillot de couleur jaune que je porte, avec
estampillé sur la poitrine " Africa United", ne me rend visiblement
pas discret. Travailler pour MTN n’est pas une affaire simple. Je feins de ne
pas l'écouter. Au passage sous l'arche de contrôle aux rayons X, je la
retrouve. Elle a changé de tenue. Quelques blagues échangées. On peut continuer
le voyage vers Accra…
A
suivre
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