Les nuits froides d'Accra
Bientôt une semaine que je suis à Accra. Pas une fois je n'ai
quitté mon hôtel, le Holiday Inn airport. Il ressemble pour moi à une prison
dorée. La raison: Une session de Mini MBA en Télécoms à laquelle
je dois me soumettre.
Les journées sont longues et épuisantes. Quand Alan Payne,
responsable du programme nous libère après 8 heures intenses, l'envie de partir
vers une quelconque découverte m'est passée depuis bien longtemps. Il ne reste
plus qu’à m'asseoir au bord de la piscine, à commander une star, bière locale à
succès, et à écouter les airs de Hilife que distille un orchestre plein de
talent et au répertoire large : Louis Amstrong, Osibisa... tout y passe.
Dans l'hôtel qui fut, me dit-t-on, la résidence de Barack
Obama lors de son voyage au Ghana, se déroule également la grand-messe du Peace
Corps. L'organisme de développement dont JFK a doté l'Amérique réfléchit à sa
stratégie pour les années à venir. Nous partageons des salles voisines, le
restaurant, le bord de la piscine. Les pauses café. Mais jamais conversation n'a
été échangée entre les deux groupes.
Aujourd'hui, j'ai passé
l'après-midi à plancher sur l'étude d’un cas que l'on doit présenter demain. Une vraie galère. Je travaille dessus
depuis 4 jours et mes nuits s'en retrouvent amputées de précieuses heures de sommeil.
Le but de l'exercice est de nous faire comprendre notre rôle
de manager dans le fonctionnement de notre entreprise: mettre les équipes en
ordre de bataille et soigner le moral pour que les objectifs soient atteints.
Je passe ma matinée à préparer ma présentation. 18heures, la
session est terminée. Et me voilà dans un taxi. Direction Accra Mall. Mon guide
et chauffeur s'appelle Maxwell. Les embouteillages à Accra sont monstrueux.
C'est vendredi soir. Maxwell fait parler son expertise. En moins de deux et
quelques slaloms et détours sur des routes secondaires, nous y voilà.
Des nouvelles du pays, j'en
demande à Maxwell durant le trajet. Il faut faire la conversation pour raccourcir le temps passé
dans les embouteillages. Rien de spécial. Rien que des querelles habituelles de
politiciens. Il m'apprend aussi que la dernière actualité c'est un braquage qui
a mal tourné. Sur le carreau un bandit. Et un autre s'est sauvé. Une balle dans
la peau. Bref pas de quoi s’inquiéter. Accra est réputée ville tranquille...
Accra Mall. Le symbole de l'essor économique du Ghana. Ici
toutes les grandes enseignes Sud-Africaines de la grande distribution sont
présentes: Shoprite, M. Price, Woolworth, Game... Et bien entendu des marques
comme Sony, Puma, T.M Lewin... Nous voici de plain pied dans la
globalisation.
Un tour rapide. Quelques babioles. Histoire de
faire plaisir à femme, enfants, amis et collègues à mon retour. Sorti du Accra
Mall avec mon guide, nous retrouvons les embouteillages que mon guide a vite
fait de contourner.
De retour au Holiday Inn, je m'installe au bord de la
piscine. De là, je sens la fièvre du vendredi soir. En plus des Américains qui peuplent
l'hôtel depuis quelques jours, les citoyens ghanéens viennent profiter de cet
espace magnifique.
11heures du soir. Johnson, un collègue ghanéen, s'est fait
mon guide pour ce soir. On va visiter Ossu, un quartier réputé chaud. Je salive
déjà.
Arrivée au Citizen club. Un parking plein de cylindrées au
gros volume. Un complexe loisir nous indique le portier. Sur cinq étages une
boite de nuit, un Lounge et un bar panoramique sont repartis. Concept
intéressant. On s'installe sur la terrasse.Il n’y a pas de grande affluence ce
soir ici.
Changement de lieu. On tente Celsbridge, dans un quartier
appelé Labonie. Dans ce bar, la jeunesse ghanéenne se défoncé a coup de
Guinness, Savanah et autre alcools sous les airs de hilife. On n’y est pas.
Nous voici reparti. Mon guide se donne une dernière chance. Boomerang c'est
notre destination.
Sur le chemin, je constate que
les rues sont peu ou par intermittence éclairées. La crise d'énergie est présente.
Quelques contrôles de police courtois. Le braquage de l’après-midi se fait
encore ressentir.
Escale au Boomerang. Palabres avec le portier qui veut nous
faire payer l'entrée. Nous ne sommes pas sûrs que sa boîte soit bondée de
clients. Alors on fait de la résistance. Vérifications faites, le boomeran
est finalement vide. Je me souviens de ma dernière visite ici, le bar était
sympa et le lieu très couru. Aujourd'hui un désert n'aurait pas fait mieux en
terme de population. Mon guide qui n'est pas un habitué de la vie nocturne
d'Accra a beaucoup de mal à s'orienter.
Alors, on se décide de rentrer à l'hôtel. Il est bientôt 2
heures. Déjà, je pense à rentrer boucler ma valise. Deux heures de sommeil à
tirer. L'aéroport est prévu a 4.30.
Réveil. Douche rapide. Départ pour l'aéroport Accra Kotoka.
L’aéroport n’a aucun caractère luxueux. Politesse et propreté des lieux
rappellent la marque de fabrique des concitoyens de Nkwame Nkrumah. Formalités
de douanes et de police. Ici le contrôle sous l'arche aux rayons X est strict
et aligné sur les consignes américaines. Il faut se déchausser. On veut
s'assurer que les semelles ne recèlent pas quelconques substances illicites.
Sur le tarmac les avions nombreux
donnent un pendant à l'essor que connaît ce pays. Les nouveaux immeubles
rutilants aux façades de verres affleurent à grande vitesse dans le centre
d'Accra. Le pétrole a été découvert au large des côtes il y a quelques
temps. Ce sera bientôt la ruée. Et le pays ne s'en portera que mieux. comme
quoi, bonne gouvernance et démocratie sont la recette du développement. Avis au Camerounais.
Arrivée à Lagos en transit
pour Douala. Première
nouvelle, notre avion aura encore du retard nous annonce-t-on. On commence à
s'habituer. De Air Nigeria à Air Peut-être, le voyage est rapide. On s'organise
pour tuer le temps. Un tour dans l'aéroport histoire de se trouver un coin
confortable. On s'installe dans un Lounge, La Casa del Habana. On commande un
petit déjeuner simple: thé, café, quelques toasts au fromage fondu. Nous
n'avons pas déjeuné au départ d'Accra. On a une belle surprise à la découverte
de l'addition. 120 dollars nous devons payer. Ben Kum est furieux. Rapide tour
de table. L'honneur est sauf.
L'oisiveté fait lit à l'envie. Alors on repart vers les quelques
boutiques du duty free shops. Liqueurs, alcools, parfums... On se rattrape pour
que personne ne soit oublie.
13h45 va-t-on enfin embarquer ? Surprise. La porte qui doit nous
conduire vers la passerelle télescopique est fermée. Une policière, très jeune
en apparence, s’active sans succès à l'ouvrir. Elle tient dans sa main plus
d’une centaine de clés diverses. Nous utilisons finalement une autre porte.
Embarquement terminé. Ouf va retrouver la maison. Oh que non.
Voilà que, dans le haut parleur, le commandant nous annonce l'atterrissage à
Cotonou pour une escale d'une demi heure qui me replonge dans les souvenirs de
la compagnie aérienne qui fut la fierté du Cameroun pendant longtemps.
Tellement confort et service sont douteux sur Air Nigeria-peut-être.
On se prend à imaginer toutes les
difficultés qu'il y a à voyager en Afrique de l'Ouest et du Centre. Absence de vision, manque de volonté
politique, faiblesse des moyens… je n’ai que des interrogations et pas de
réponses ?
Deux heures plus tard, je retrouve Douala avec beaucoup de
soulagement. Ici, au moins, la nuit n'a pas de secrets pour moi.
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