Les visages contrastés de la campagne électorale à Douala


Affiche de campagne Rdpc et Sdf dans la quartier  Bonapriso (Douala)

Une semaine après le lancement de la campagne pour le double scrutin législatif et municipal du 30 septembre prochain, difficile de résister à un regard critique sur l’activité des partis politiques engagés à travers leur marketing des idées politiques... Mon regard se limitera à la ville de Douala qui est champ d’observation assez intéressant par la variété des supports offerts. 
Avant notre visite, arrêtons nous un instant à la définition du terme de marketing politique. Une définition simple piquée sur fr.wikepedia.org définit Le marketing politique est l'une des formes de la communication politique qui vise à promouvoir un projet, un candidat, un dirigeant, une cause politique sur le modèle des techniques de marketing commercial en faisant appel notamment à l'utilisation de campagnes « publicitaires » dans les médias, la distribution de tracts ou le démarchage, par opposition aux formes historiques de la communication politique que sont, par exemple, les débats publics ou les meetings. En ce sens, la nature du marketing politique s'inscrit dans une stratégie de communication.
Regardons comment se présentent les diverses campagnes des candidats. Commençons par les supports utilisés. De façon globale, à première vue, le média le plus utilisé est l’affichage.








Affichage
Pas une rue, pas un mur d’échoppe n’a échappé à la furie des colleurs sauvages d’affiches et d'affichettes. On à l’impression que cette seule pratique est suffisante pour convaincre un électorat qui ne marque pas beaucoup d’intérêt pour cette échéance.
On remarque également une discrimination des partis par les moyens financiers. Le Rdpc et le Sdf sont les seuls à pouvoir déployer une campagne sur affiches géantes (18m2, 12m2) banderoles, affiches de proximité (format 120x160 cm). Le Rdpc notamment à Wouri Centre, fait parler sa puissance par une présence massive des visuels et affiches de la liste "Mieux vivre ensemble". Les autres candidats du parti des flammes se contentant uniquement de banderoles et d'affichettes de qualité approximative très souvent illisibles.



Radio
La radio reste l’un des médias qui offre une bonne pénétration malgré la fragmentation de l’audience liée à la multiplicité des  stations. Les candidats n’hésitent pas à investir cet espace pour faire valoir leurs arguments. Je me suis surpris, dimanche matin, à suivre la profession de foi du candidat au législative du Manidem, Anicet Ekane, sur les ondes de Radio Balafon. Il y présentait son mérite d’avoir toujours été de tous les combats pour la liberté au Cameroun depuis 1990 déjà aux côtés de Yondo Mandengue Black. Pour souligner son engagement, il n'a pas hésité à marquer un parallèle avec Ruben Um Nyobé, Felix Moumié. Les autres espaces radio restent, évidemment , les plages offert se sur les médias publics où chaque parti vient vendre son projet de société.

Télévision
La télévision, en dehors du créneau des émissions politiques sur lequel toutes les chaines de la ville se sont engouffrées, les candidats n’utilisent pas véritablement la télévision pour porter leur projet vers les électeurs. Election trop locale ne nécessitant pas une prise de parole large ? Erreur des Etats-majors politiques? Ce média aurait pu fédérer sous une même coupole les différents messages de leurs candidats. Donnant ainsi une certaine cohérence aux discours parfois approximatifs,  vides de sens et disparates, des candidats sur le terrain.

L’internet et les médias sociaux
Ce média reste faiblement utilisé. Seuls quelques candidats avant-gardistes l’on intégré. Le Rdpc où le candidat Albert Dooh-Collins, de la liste "mieux vivre ensemble" utilise l’internet pour partager par mail sa profession de foi. L’Utilisation de Facebook, Twitter, Youtude, Intstagram restant marginale ou faible. Ces medias sont utilisés pour relayer les activités des candidats à travers quelques photos. Pas de video ou de tweets pour faire passer les messages pour convaincre les électeurs.

Marketing Mobile
En terme de rapport qualité/ciblage, il reste le plus pertinent, le moins et sans doute le moins utilisé. Quelques sms ou messages instantanés sur Blackberry messenger ou What’sapp pour une collecte de fonds ou une invitation à un meeting électoral.  Avec une pénétration de plus de 60% le mobile aurait été un excellent outil pour toucher les électeurs. A condition d’avoir travaillé ses bases de données au préalable. Comme quoi une campagne électorale se prépare tous les jours.

Le discours
A l’analyse du discours des candidats véhiculés par les divers médias, il se dégage une impression d’impréparation, d’incohérence et de vacuité dans le discours et la démarche. Au Rdpc, chaque candidat porte son leitmotiv. Si à Wouri Sud on dit « nous préférons notre député »  à Wouri Centre on parle de "mieux vivre ensemble". Le tout à travers des des supports qui laissent croire à une impréparation. La première photo sortie de l'album de famille est utilisée. Rapidement détourée, mal éclairée, elle servira d'image pour l'affiche du candidat. Il n'y a qu'à voir la mine de certains candidats pour comprendre à quel point cet aspect est négligé. alors qu'il devrait permettre de construire l'image du candidat et de rassurer les électeurs. Observez attentivement les affiches du Mouvement progressiste pour l’élection à la mairie de Douala 1er avec comme slogan «Une femme, un avenir ». Flanquée de deux imposants sacs, la candidate avance d'un pas que l'on a du mal à qualifier. On se plait juste à imaginer de quel avenir parle-t-on? En tout cas on l'imagine radieux. 

Seules les affiches  de la liste « Mieux vivre-ensemble » dénotent une certaine approche cohérente sur le plan visuel et dans la déclinaison des supports. Le fond bleu des portraits des candidats, des supports variés avec une mise en page correcte. Sans plus. Pour le slogan, on aurait pu faire mieux. Le Sdf s’est essayé sans beaucoup de bonheur. Mise en page difficile. Photos mal proportionnées et inadaptées et un slogan presque creux appelant à leur donner «La force d’agir, l’avenir c’est maintenant ». La force d’agir contre l’inertie aurait été plus complète et plus directe tellement notre société est engluée dans des difficultés multiples.
En somme cette campagne vue de Douala n'est pas réconfortante. Elle appelle plus que jamais à une occupation de l'espace de communication par des professionnels capables de donner vie aux idées et surtout une vraie âme aux candidats. Au commencement était le verbe... donc la communication.

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