COLLINE ROYALE D’AMBOHIMANGA : VOYAGE AU COEUR DE L’HISTOIRE DE LA ROYAUTE À MADAGASCAR
Située sur l’une des 12 collines sacrées du royaume de Madagascar, à une vingtaine de kilomètre de Antananarivo, la Colline royale d’Ambohimanga porte la case originelle, symbole du pouvoir royal, qui a été habitée par les différents souverains de l'Imerina («le pays Merina») dont le grand roi Andrianampoinimerina (vers 1787-1841), son fils Radama Ier, la reine Ranavalona Ière (1928-1861) qui succéda à son époux Radama Ier, Radama II (1861-1863) - fils de Ranavalona Ière, puis de Rasomerina (1863-1868), de Ranavalona II (1869-1883) et enfin Ranavalona III (1883-1897). Ce lieu par sa charge symbolique et émotionnelle est et reste un lieu important pour la culture et l’histoire de Madagascar. De nombreux sacrifices rituels y sont encore pratiqués. Le visiteur peut encore observer des traces de sang séché sur la pierre, en forme de coeur, qui accueille les offrandes.
On accède au site, aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’Unesco, par une route asphaltée sinueuse. Puis un long escalier de pierre vous conduit à une vaste place qui servait de lieu de rencontre entre le souverain et ses sujets. C’était aussi le lieu d’intronisation des nouveaux souverains et le site où les premières récoltes étaient présentées au roi.
De cette place on peut observer le haut mur d’enceinte recouvert d’un enduit blanc fait de sable, de chaux et de calcaire tiré de coquilles d’oeuf- il se raconte ici qu’il était interdit de consommer les oeufs sur toute l’étendue du royaume pendant le travaux ragréage de ce mur qui a conservé son revêtement d’origine.
Une fois la lourde porte de bois de Palissandre, qui fait office de porte d’entrée du palais, franchie, on peut observer les différents éléments qui composent le lieu de résidence des rois. La fosse à zébu où l’animal sacré destiné au sacrifice rituel était conservé. Le temps de l’engraisser. La fosse rappelle le caractère central de cet animal dans la culture et la tradition malgache. Pour être conforme et éligible au sacrifice royal, le zébu devait être de couleur marron avec une tache blanche sur le front. Ainsi, tous les zébus du royaume avec cette caractéristique devaient être obligatoirement destinés au roi.
Au centre de l’enceinte se trouve la case traditionnelle malgache habitation originelle de Andrianampoinimerina. Le tout premier souverain, unificateur des tribus Merina. Elle est faite de bois de palissandre enduit d’une huile qui lui donne une teinte de couleur sombre et composée d’une pièce unique d’une quarantaine de mètres carrés.
Son toit, de forme conique avec, à son faîte, deux poutres qui dépassent l’ensemble et se croisent rappelant les cornes de l’animal sacré, le zébu. Il se compose de tuiles de bois et culmine à 7 mètres environ- initialement, le toit était recouvert de chaume. Les tuiles de bois seront introduites par le français Jean Laborde, aventurier gascon qui se lia d’amitié à la Reine Ranavalona Ière. Il joua un rôle central dans l’implantation des premières industries à Madagascar.
Au centre de la case se trouve un tronc d’arbre qui fait office de pilier porteur de l’ensemble. Une fenêtre unique sur le côté nord permet d’aérer la pièce et de faire entrer la lumière. Dans cet espace, on peut observer le lit du souverain installé en hauteur dans la partie nord de la pièce. Le lit de son épouse occupe un coin de la partie sud. Le tabourets du souverain et ceux destinés aux visiteurs sont disposés autour du foyer qui se trouve au centre de la pièce. Sur le côté, pas loin du lit de l’épouse du souverain, se trouve une échelle de bois qui permettait au souverain, lorsqu’il recevait des visiteurs, de se soustraire à la vue de ces derniers en se hissant dans les hauteurs de sa case. Les visiteurs, têtes basses, avaient interdiction de lever les yeux en entrant dans la case du souverain. Ainsi lorsque ce dernier, de sa cachette, avait écouté les motifs de la visite et était d’accord pour une audience, il envoyait à son épouse un signe d’acquiescement. Les visiteurs étaient alors priés de sortir de la case. Et le souverain apparaissait comme par enchantement. La tradition demande que l’on ressorte de la case du souverain tête basse et à reculons la jambe gauche la première.
Divers autres objets usuels tapissent occupent les murs: jarres, boucliers, lances, épées… et donnent une idées des outils utilisés à cette époque.
Ensuite le visiteur peut observer les bassins qui étaient prévus pour le bain rituel du souverain qui s’effectuait une fois dans l’année. Pour remplir le bassin royal, 70 jeunes filles pures étaient chargées de porter de l’eau du bas de la colline au bassin. L’eau du bain servait ensuite à la bénédiction du peuple.
Les sépultures des souverains, de leurs épouses ainsi que de leurs mères forment un ensemble situé à l’arrière de la case principale. Il se raconte que le Général Gallieni, gouverneur de 1896 à 1905, qui fit exiler la reine Ranavalona III en février 1897, et avait occupé le palais et avait transformé ces lieux sacrés en lieux d’aisance pour sa troupe. Il était question pour lui de désacraliser la royauté malgache. Après des rites de purification, les lieux ont repris leur fonction initiale il y a quelques années. Ils accueillent depuis lors les restes des souverains et de leurs parents.
La visite se termine par la partie moderne de la résidence royale. Elle qui fut construite par la reine Ranavalona Ière sous la conduite de Jean Laborde. Elle se compose d’un chalet en bois avec des terrasses qui offrent une vue panoramique à couper le souffle. La partie supérieure est occupée par les appartements de la reine: une vaste chambre avec un lit en bois et des armoires de rangement. Un cabinet de toilette jouxte cette dernière. En face de l’entrée de la chambre de la reine se trouve le bureau, aux baies vitrées décorées de motifs dessinés à la peinture blanche, où le premier ministre accordait ses audiences.
La partie inférieure du chalet est composée d’une chambre pour les visiteurs et d’une vaste salle aux murs habillés de papier peint à dominante rose. Au centre de la salle, une table de bois massif sur laquelle furent signés les accords du 14 octobre 1958 marquant la création de la République malgache. Adossé à l’un des murs, une armoire à vaisselle massive qui cache une porte dérobée qui devait servir d’échappatoire aux souverains en cas de nécessité.
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